Quand ce qui est juste pour nous repose sur ... une injustice

Quand ce qui est juste pour nous repose sur une injustice  !

Nous avons régulièrement des choix à faire pour avancer vers ce qui est important pour nous. Certains de ces choix sont difficiles non pas parce que les actions à faire nous posent problème mais parce que le choix en lui-même repose sur des émotions, des croyances contradictoires.

Avant d’aller plus loin sur ce sujet, je voudrais vous raconter l’histoire de Léa. Cette histoire porte sur la vie personnelle mais il est très facile de la transposer dans le monde professionnel.

 

Le chemin de Léa

Comme chaque matin, ou presque, Léa s’habille en fonction de la météo pour aller faire une balade avec son chien. Elle habite près de la mer et elle savoure cette chance chaque jour. Elle a vraiment un itinéraire préféré qui permet à la fois d’aller au bord de la mer et aussi de voir des paysages différents  constitués tour à tour de prairies, de forêts et bien sûr de plages.

C’est une heure pendant laquelle, Léa profite d’être dehors. Tout comme son chien renifle partout pour capter toutes les odeurs, elle a l’impression de redécouvrir ce même parcours à chaque fois qu’elle l’emprunte.

En plus, comme elle apprécie le calme et la tranquillité, elle commence sa promenade de bonne heure. Bien qu’elle habite assez loin d’une grande ville, la population locale est conséquente et durant la journée, il courant de croiser plusieurs personnes sur ce même circuit. Alors que le matin de bonne heure, Léa rencontre rarement quelqu’un.

Ce rituel de la balade matinale dure depuis quelques mois quand Léa note qu’une bouteille vide traine sur le chemin. Immédiatement, elle se dit que les personnes pourraient faire attention car la nature est vraiment belle et sauvage et cette bouteille n’a rien à faire à cet endroit. D’ailleurs, elle note que quelques centaines de mètres plus loin, le chemin passe à proximité d’une poubelle. Elle trouve cela encore moins facile à comprendre : pourquoi laisser trainer une bouteille alors qu’une poubelle est quasiment à proximité ?

En même temps cela peut arriver de laisser tomber quelque chose sans s’en rendre compte. Et comme c’est la première fois que des détritus trainent sur le chemin, Léa se dit que ce doit être l’explication. En partant du principe que ce sont essentiellement des personnes locales qui font ce circuit, la personne qui a perdu la bouteille s’en est forcément aperçue et elle la ramassera à son prochain passage.   

La dégradation

En fait, les choses ne se passent pas comme Léa l’envisageait : la bouteille reste là et personne ne la ramasse pour la mettre à la poubelle.

Bientôt, la bouteille n’est plus seule ! Elle est désormais accompagnée d’une boite de boisson en aluminium.

Et puis quasiment chaque semaine, de nouveaux déchets se retrouve le long du chemin et cela dégoute Léa. Elle se demande ce qui se passe ? Pourquoi cette dégradation soudaine ?

Comme elle trouve cela difficilement supportable, elle s’adresse à la mairie pour que des actions soient prises. Cela prend un peu de temps mais finalement un arrêté municipal est pris qui interdit de jeter des déchets le long du chemin sous peine d’amende.

Malheureusement, il faut bien se rendre à l’évidence cela ne change pas grand-chose et le nombre de détritus continue à augmenter tout au long du chemin.

Léa se dit que cela est vraiment dégoûtant et qu’elle ne comprend pas ce manque de respect de la nature. Ce n’est pourtant pas difficile de ne rien laisser derrière soi et en plus plusieurs poubelles sont placées le long du parcours. Elle fait une nouvelle fois appel à la mairie pour qu’un nettoyage soit organisé.

La réponse de la mairie est sans ambiguïté : elle n’a pas les moyens de prendre en charge le nettoyage de tous les itinéraires qui passe sur la commune !

Léa est écœurée et elle se dit qu’elle va chercher un autre itinéraire pour sa balade du matin.

 

La transformation

Elle part en reconnaissance dans les alentours et elle dégote un chemin apparemment peu emprunté et qui passe même 2 fois au bord de la mer : une fois au niveau de la plage et une fois en surplomb offrant un  paysage grandiose.

Cet itinéraire a un inconvénient, il oblige Léa à prendre sa voiture pour faire la balade. Les premiers jours cela ne la gêne pas vraiment car le parcours est superbe. Mais, petit à petit, elle commence à trouver cela désagréable.

Son dilemme est simple : soit elle accepte le chemin près de chez elle tel qu’il devient, soit elle accepte la contrainte d’aller ailleurs avec le risque que ce qui s’est produit près de chez elle se reproduise aussi ailleurs. Une 3ème solution est de prendre l’initiative sans attendre les autres.

Léa a compris qu’elle ne pouvait rien attendre de la mairie. Et l’idée qu’elle ramasse elle-même ces détritus la choque carrément. Elle n’y est pour rien, ce n’est pas elle qui laisse ces bouteilles le long du parcours et elle n’est pas payée pour nettoyer ! Bref, ce qui l’arrête c’est un sentiment d’injustice. Elle se sent victime d’une injustice.

Peu à peu le pragmatisme prend le dessus et elle se donne comme objectif d’enlever un détritus chaque jour. Ce n’est que cela lui plaise mais au moins elle fait quelque chose et même si cela est injuste elle augmente les chances de retrouver une balade du matin agréable.

Alors qu’elle fait cela depuis une dizaine de jours, elle se rend compte qu’une bouteille qu’elle avait repérée pour la balade d’aujourd’hui n’est plus là ! Et les jours suivants, elle se rend compte que quelqu’un d’autre fait comme elle car les déchets disparaissent bien plus vite que ce qu’elle ramasse.

C’est en discutant avec ses voisins, qu’elle ne connait pas beaucoup, qu’elle mentionne le sentier, les détritus,…, sa décision d’agir par elle-même. Elle se rend compte alors que ses voisins l’ont vu ramasser une cannette et la mettre à la poubelle et ils se sont dit qu’ils pourraient aussi faire quelque chose. Et puis, ils en ont parler aussi autour d’eux et apparemment bon nombre de ceux qui empruntent le chemin ont décidé de suivre le mouvement…

 

Et dans la vie pro ?

Dans la vie professionnelle, pour des raisons variées, nous sommes parfois amener à vivre des situations désagréables, voir difficiles.

Dans bien des cas, la logique voudrait que ce soit les autres (collègues, hiérarchie) qui agissent. Mais lorsque ce n’est pas le cas que reste-t-il comme solution ? Tenir bon et supporter la situation, changer d’employeur ou encore décider d’agir par soi-même. Pour cette 3ème voie, la question n’est pas sur un plan de ce qui juste ou non mais sur le plan de ce qui permet d’avancer vers ce qui est important pour soi.

Vous vous retrouvez dans le 3ème cas et vous voulez échanger à ce sujet ? Vous êtes au bon endroit.