Faut-il vraiment encourager l'expression des émotions ?

Faut-il vraiment encourager l'expression des émotions au travail ?

L’exigence émotionnelle (taire ses émotions) est un facteur de risque psychosocial et cela incite un certain nombre de personnes à tourner le dos à l’idée de laisser ses émotions au vestiaire et donc ces personnes invitent à exprimer ses émotions au travail.

Mais est-ce vraiment une bonne solution ?

Avant de discuter de solution encore faut-il comprendre pourquoi taire ses émotions est pris en compte dans les risques psychosociaux. Taire ses émotions conduit régulièrement à des problèmes de stress, d’anxiété, à des problèmes de santé physique et mentale, à des comportements addictifs et à des difficultés relationnelles.

 

Mettre en avant ces conséquences n’est pas suffisant pour déterminer comment agir et pour cela il est intéressant de mieux comprendre le mécanisme à l’œuvre. Il s’agit ici d’une présentation très simplifiée : les émotions conduisent à la production de certaines substances dans le corps, lorsque la situation n’est pas « soldée » ou qu’elle se répète ces substances réduisent notre capacité à percevoir des solutions et à nous mettre en action pour que cela change.

 Le problème prend alors de l’ampleur est peut conduire aux conséquences mentionnées au début de cet article.

Or exprimer ses émotions est une façon simple de réduire les effets d’une émotion est d’en parler. Cela ne règle pas la situation de façon durable mais c’est rapide, simple et cela donne des résultats. Bref tous les ingrédients d’une bonne solution !

Mais est-ce vraiment le cas ?

 

Pour répondre à cette question, je vous invite simplement à vous souvenir d’un moment où vous étiez préoccupé par exemple. A ce moment vous pensez sans arrêt à ce qui vous menace et vous avez simplement envie de ne rien faire ! Et certainement pas d’aller au travail !

Et pourtant, après un moment sur votre lieu de travail, celui-ci capte votre attention et vous ne pensez plus à ce qui vous préoccupe. En tout cas pendant quelque temps et lorsque vous y pensez à nouveau vous sentez que quelque chose à changer : les conséquences de ce qui peut arriver vous paraisse par exemple moins dramatique ou alors vous commencer à voir une solution à laquelle vous n’aviez pas encore pensée.

Bref vous avez contourné, sans en être conscient, les effets de l’émotion et vous avez permis à votre inconscient de continuer à avancer sur la situation préoccupante sans être freiner par l’émotion.

 

A l’inverse, vous avez peut-être vécu une situation émotionnellement chargée que vous avez partagée avec votre entourage.

En croyant bien faire, par exemple en posant des questions sur comment vous allez ou en vous assurant de leur soutien, votre entourage vous maintient dans cette émotion et cela vous empêche de voir la situation sous un autre angle, de trouver des solutions inédites. Bref difficile d’aller mieux dans ces conditions.

Vous voyez à travers ces 2 exemples qu’exprimer ses émotions n’est pas sans risque !

Vous vous demandez alors mais que faire ?

 

Pour répondre à cette question, je vous propose de regarder ce que font bon nombres de professionnels dont le métier est d’être confronté régulièrement à des situations chargées en émotion et aussi de prendre en compte une découverte vers par Gallup dans ses recherches l’engagement des salariés.

Un certain nombre de professionnel ont recourt à des supervisions c’est-à-dire qu’ils utilisent les services d’autres professionnels pour « solder » les émotions qu’ils ont vécu. En clair, ils ont un canal possible pour exprimer ce qu’ils ont vécu mais ce canal n’est pas ouvert en permanence et il n’y pas de risque de « baigner » en continu dans sa détresse !

Gallup a mis en avant que parmi  les 12 facteurs les plus importants pour avoir de l’engagement au travail figure celui d’avoir un bon ami au travail (a best friend at work). Un des bénéfices de cet ami est justement d’offrir un canal pour exprimer ce qui est ressenti sans pour autant créer les conditions pour que cette expression soit répétée en continu.

 

Pour conclure vouloir qu’à tout moment chacun puisse exprimer ses émotions revient à priver ces mêmes personnes d’une pression extérieure qui les oblige à prendre de la distance par rapport à l’émotion vécue et ainsi à retrouver des capacités de réflexion pour faire évoluer sa perception ou pour trouver des solutions.

Comme c’est le cas régulièrement la solution est dans la nuance et dans la mesure.

Et vous, que pensez-vous à propos de l’encouragement à exprimer ses émotions ?