Manager, jusqu'où ne pas aller trop loin ?

L'histoire de Jérémy

Jérémy est responsable de projets sur un site industriel qui investit régulièrement. Cela lui a permis, en quelques années, de traiter des sujets différents. Maintenant, il aspire plutôt à prendre des fonctions en production pour s’inscrire dans la durée et mesurer les résultats de ses efforts sur un temps plus long. Il a aussi envie de manager une équipe pour mettre à l’épreuve ce qu’il a appris avec le management de projet. Dans ce contexte, il a véritablement redécouvert favorablement des personnes qu’il avait côtoyées à maintes reprises et dont il avait une mauvaise image. Il a alors vécu comment le management permet de changer de vue sur une personne et aussi permet à la personne de changer...

Pour Jérémy, il boucle son dernier projet et devrait prendre en charge une partie de l’usine qu’il connait plutôt bien. Cela a été vu avec le directeur industriel.

Mais cela c'était avant...

Mais ça c’était avant !

Avant que le directeur industriel ne fasse un burn-out et ne soit remplacé par une personne extérieure à l’entreprise, d’ailleurs extérieure même à l’industrie de l’usine. L’arrivée de Gilles a été soudaine et pour le moins une véritable surprise. Surprise qui n’a pas tardé à être une véritable déconvenue.  

Pour Jérémy, cela commence à peine 2 mois après l’arrivée de Gilles et dans la phase finale du projet. Il apprend alors que ce qui lui avait été promis avant n’avait plus cours et qu’à ce jour, ce que ferait Jérémy à la fin du projet serait décidé en temps voulu. Le choc !

Jérémy est alors déstabilisé par cette position qu’il ne comprend pas et pour laquelle il ne reçoit aucune explication juste de l’incertitude.

En étant au projet, il peut observer ce qui se passe ce qui se passe sur le terrain et il constate les ravages des méthodes de Gilles sur les managers de production et de maintenance. La technique employée est proche de celle employée dans les cas de harcèlement : faire douter, isoler, générer de l’incertitude, utiliser des injonctions contradictoires et ne pas reconnaître ses torts, parler de faute plutôt que d’erreurs, d’essais infructueux, … et surtout faire preuve d’aplomb en se référant à des succès passés que personne ne connait.

En quelques mois, l’ambiance s’est fortement dégradée. Les résultats aussi d’ailleurs ! C’est l’annonce des premiers départs de managers pourtant engagés depuis longtemps dans la bonne marche de l’usine. La plupart des managers sont dégoutés et ils ne comprennent pas que le directeur du site ne réagisse pas, ils ne comprennent pas que les ressources humaines laissent les personnes partir sans réagir et laissent faire des recrutements surprenants et tous en lien direct avec Gilles. Mais rien ne filtre comme si la direction générale et les RH avaient disparu.

Bref en quelques mois, Gilles a réussi à faire douter d’eux un certain nombre de managers pourtant aguerris et spécialistes dans leur domaine. Jérémy fait partie de ces managers. Il a d’ailleurs commencé activement à chercher un autre travail. Il le fait la mort dans l’âme par rapport à tout ce qu’il a investi dans cette usine, par rapport à tous ces salariés qu’il a côtoyé pendant toutes ces années. Quel gâchis !

Le déclic vient du premier entretien de recrutement que passe Jérémy où, classiquement, le recruteur lui demande de parler de ses points forts et de ses points à améliorer.

La suite se produit quand Jérémy cherche les forces et les faiblesses de Gilles. Et clairement son manque de compétences techniques, son manque d’intérêt pour cela sont des points faibles… mais que personne ne les utilise contre Gilles ! Comme si le fait qu’il soit parachuté à cette fonction, que la direction reste silencieuse étaient autant de reconnaissances explicites que Gilles est dans le vrai.    

Mais bien sûr ces croyances ne tiennent pas à un minimum de réflexion. Lorsque Jérémy entreprend d’échanger avec ses collègues sur cette ligne de raisonnement, il voit surtout de la surprise et du doute.  

C’est bien beau de réfléchir ainsi mais il fallait vivre le quotidien dans l’usine et ce n’était vraiment une partie de plaisir. Lorsque Jérémy reçut la proposition suite à son entretien, il put faire un bilan précis de ce qu’il perdait en quittant cette usine. Mais de toute façon, cela ne pouvait pas durer comme cela ! Un vrai casse-tête: partir ou rester ?

Rester s’imposait à l’esprit de Jérémy et la question devenait : comment tenir le coup sans tomber malade ? La force de Gilles était d’avoir fait douter les managers. Il devenait alors impératif de restaurer cette confiance. Plusieurs façons de faire mais une retint son attention : faire une analyse des échecs pour faire ressortir ce qui avait était bien fait (et surtout grâce à qui) et qu’elles étaient les sources d’erreur et en attribuer la responsabilité. 

Très vite, agir ainsi modifia les rapports de force dans l’usine, plus question de s’opposer à Gilles. Pas question de s’opposer à Gilles, ni de le dénigrer devant les salariés juste faire un travail constant d’analyse des résultats. Cela met en lumière les compétences des managers et les erreurs de Gilles et tout cela en maintenant la proximité avec les équipes.

Dès lors, la productivité déclina rapidement car les managers ne se sentaient plus responsables des choix faits contre leur avis comme de réduire drastiquement la maintenance préventive. Leur santé mentale s’en ressentit aussitôt en mieux et en conséquence, il leur était plus facile de se détacher des colères de Gilles. D’ailleurs il fit monter la pression, en menaçant de virer des personnes si cela n’allait pas mieux.

Mais trop tard pour Gilles, la machine à mettre en évidence son management désastreux était en route… Un lundi, il ne vint pas au travail. Il ne revint pas du tout d’ailleurs.

Il y avait désormais beaucoup de travail pour reconstruire la performance. Il y aurait eu bien d’autres façon de gérer une situation similaire mais la violence des agissements de Gilles impliquait que les managers commencent par se protéger et par se soutenir.

 

Vous êtes manager et vous vivez une situation difficile ? Je vous propose d’échanger à ce sujet avec comme objectif, à minima, de porter un regard différent sur la situation pour vous aider à traverser cette période.

A l’inverse, vous vivez une situation gratifiante, je vous propose aussi d’échanger et cette fois dans le but de partager une information qui donne raison à l’idée que manager est gratifiant !

Dans ces 2 cas, vous pouvez me contacter via les commentaires ou directement par mail à [email protected]